Visite pastorale de Mgr François Frédéric Ambuel à Grimisuat en 1764

Le 27 juillet 1764, son Excellence Mgr François Frédéric Ambuel[1], évêque de Sion, comte et préfet du Valais, prince du Saint Empire Romain Germanique, se rend à Grimisuat pour effectuer une visite pastorale. En effet, les décrets du Concile de Trente (1545-1563) et le droit canonique obligent désormais les évêques à encourager leurs subordonnés par « une visite paternelle » dans chaque paroisse de leur diocèse.

Arrivée en grandes pompes

Ce jour-là, tous les fidèles sont venus en procession avec force croix, cierges, étendards et oriflammes à la rencontre de leur évêque. Le curé de Grimisuat, Théodule Zufferey[2], l’accueille et l’invite à prendre place sous le dais pour se rendre jusqu’à l’église paroissiale tandis que les cloches sonnent à la volée et que les fidèles chantent des cantiques. L’évêque est accompagné par les chanoines François Joseph Melchior Zen-Ruffinen[3], chantre, et Joseph François Produit, doyen d’âge, représentants du Chapitre de la Cathédrale de Sion[4], l’abbé Pierre Simon Émeric, responsable des choses sacrées et de la chapelle épiscopale (cérémoniaire de l’évêque), Paul Berthod, neveu de l’évêque, et Maurice Nicolas de Torrenté, camérier, notaire et secrétaire épiscopal.

Lors de cette visite, l’évêque examine par le menu les comptes de la paroisse, la liste des biens[5], l’état de l’église et de la chapelle de Champlan[6] (construite en 1718), et de tout ce qui concerne le soin pastoral. Puis il s’enquière de la vie des fondateurs[7], des procureurs[8], des membres des fraternités ainsi que des mœurs des paroissiens. Après un appel à la piété et à l’honnêteté adressé à tous les paroissiens, il confère le sacrement de la confirmation à ceux qui s’y étaient préparés. Grimisuat compte alors environ 350 habitants.

Les fondateurs

Parmi les responsables des fondations (fondateurs) trois personnes sont citées : Adrien Balet, capitaine, et son frère Alphonse, confirmés dans leur fonction par Mgr François-Joseph Supersaxo (évêque de Sion de 1701 à 1734) ; François Balet, porte-enseigne et châtelain.

Quelques directives

En voici quelques-unes que je vous livre dans le désordre.

  • La fête de la dédicace de l’église, qui est célébrée le dimanche dans l’octave de la Fête-Dieu, est transférée au second dimanche de juillet.
  • Il n’est pas permis de vendre du vin pendant les offices divins, les jours de fête et les dimanches sous peine d’une amende de deux batz.
  • Ceux qui ne participent pas aux processions doivent être poursuivis et payer une amande à la fabrique de l’église.
  • Les offices divins, durant l’été, soit à partir de Pâques jusqu’à la fête des saints, sont célébrés à huit heures, et de là jusqu’à Pâques, à neuf heures.
  • Il faut sonner régulièrement les cloches matin, midi et soir pour l’angélus.
  • Le rosaire sera récité chaque jour publiquement vers le soir dans l’église et dans la chapelle sans que cela soit une obligation.
  • Il est interdit à tous, sous peine d’une amende de 15 batz, d’avoir des ouvriers hérétiques ou des non-catholiques et encore moins de les prendre à son service ou de les accueillir à domicile.
  • Tous les livres suspects sont interdits et les paroissiens doivent être avertis de s’en abstenir.
  • La communauté doit prévoir des sages-femmes (une ou plusieurs, en fonction des distances à parcourir). Elles doivent être formées par le curé afin qu’elles puissent donner le baptême en cas de nécessité.

À qui appartient la cure ?

Durant cette visite, la question est posée de savoir si la cure appartient au Vénérable Chapitre de la Cathédrale de Sion ou au Bénéfice cure. En l’absence d’éclaircissements à ce sujet, il est décidé de reporter la question à une date ultérieure pour permettre de faire des recherches et rassembler les documents nécessaires au règlement de ce litige.

Chanoine Bernard Broccard

Source principale de cet article :
Acte de la « visitation » dans et autour de l’église paroissiale de Grimisuat sous le titre et l’invocation de saint Pancrace, de la « collation » du Vénérable Chapitre de la Cathédrale de Sion qui en a la gestion et de M. Théodule Zufferey, prêtre. Fait le 27 juillet 1764. Archives de la paroisse de Grimisuat, Rue Sous-l’Eglise 17, 1971 Grimisuat.

[1] Évêque de Sion de 1760 à 1780. À cette époque, l’évêque était encore le chef de l’État du Valais et le Valais, allié de la Confédération helvétique, n’en faisait pas partie.
[2] Curé de Grimisuat de 1754 à 1796.
[3] François Joseph Melchior Zen-Ruffinen succédera à Mgr Ambuel et sera évêque de Sion de 1780 à 1790.
[4] La paroisse de Grimisuat faisait alors partie de la « collation » des paroisses dont le Chapitre de la Cathédrale de Sion avait la gestion. Ce dernier avait en effet le droit de désigner les curés de Grimisuat, même si la nomination était ensuite faite par l’évêque. Ce statut a été maintenu jusqu’en 1920. Peut-être que cela explique aussi pourquoi l’on trouve bon nombre de chanoines (ou futurs chanoines) de la Cathédrale de Sion parmi les desservants de Grimisuat.
[5] La paroisse possédait des biens non seulement à Grimisuat, mais également un raccard et un jardin à Granges et un mazot à Réchy.
[6] Consacrée par Mgr François-Joseph Supersaxo le dimanche 13 novembre 1718.
[7] Les fondateurs étaient les membres des différentes fondations ou patronages dont les revenus étaient destinés à entretenir les autels et à faire dire des messes.
[8] Les procureurs étaient chargés de certaines fonctions comme le nettoyage de l’église, le lavage des vêtements liturgiques, le remplacement des bougies, etc.