Quel avenir pour notre Église ?

Abus sexuels

L’Église catholique romaine vit une période douloureuse. Les révélations médiatiques concernant les abus sexuels commis par des personnes engagées dans l’Église, surtout par des prêtres, des évêques, voire des cardinaux, se succèdent. Ce qui est le plus scandaleux, c’est que ces abus sont perpétrés par des personnes censées défendre la foi et la morale chrétienne au nom de l’Église. Pire ! Ces abus ont longtemps été cachés, non seulement par des membres du clergé ou par des responsables religieux, mais parfois même par des fidèles, dans un réflexe de défense du système afin de sauver les apparences. Il faut en être conscient, ces scandales à répétitions ont sapé la crédibilité de l’Église et ont éloigné et éloignent encore bien des Chrétiens de leur Église.

Le pape François, avec beaucoup de courage, fait tout ce qu’il peut pour lutter contre ces abus. La Conférence des évêques suisses vient également de mettre à jour ses directives en matière d’abus sexuels dans le cadre de la pastorale. Et maintenant, bien sûr, nous espérons tous une purification de l’Église, tant au niveau des personnes incriminées que des structures ou des systèmes de pensée qui ont permis un tel désastre. Mais pouvons-nous en rester là, attendant sans rien faire la fin de cette purification pour un nouveau départ ? Certainement pas car le mal est profond.

Crise de la foi

En effet, l’Église n’est pas seulement rongée par le scandale des abus sexuels, mais également par une crise de la foiqui l’érode depuis bien plus longtemps encore. Aujourd’hui, la foi n’est plus transmise de génération en génération et la plupart des baptisés n’ont plus qu’un lien formel avec l’Église. Et si certains parents sont encore soucieux de faire baptiser leurs enfants et de leur donner une formation chrétienne, nombre d’entre eux ne vivent pas eux-mêmes ce qu’ils voudraient transmettre à leurs enfants. J’en veux pour preuve la désertion des églises qui s’accentue d’année en année et le fait que les valeurs chrétiennes ne sont de loin plus dominantes dans notre société actuelle.

Une conversion pastorale à notre portée

Bien sûr, et heureusement, il y a encore un petit reste de fidèles, et même de jeunes familles, qui, malgré le contexte actuel, restent attachés à la foi de l’Église grâce au témoignage rayonnant de nombreux laïcs, de membres du clergé authentiquement dévoués à leur ministère et de religieux et religieuses engagés. Mais, si nous ne faisons rien pour changer le fonctionnement actuel de nos communautés, un jour, même ce petit noyau s’érodera à son tour.

Tout ceci doit nous remettre en question car nos communautés ont besoin d’une véritable conversion pastorale pour que notre foi chrétienne reste vivante et qu’elle puisse être transmise aux générations futures. Et cela est à notre portée. C’est ce à quoi nous appelle le pape François dans son Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium ». « J’espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont. Ce n’est pas d’une « simple administration » dont nous avons besoin. Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un « état permanent de mission ». (n° 25) […] La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés. » (n° 33) C’est là qu’est l’avenir de notre Église !

Chanoine Bernard Broccard