« Vous êtes la lumière du monde. »

Chez nous, il y a plus de 70 ans, notre Église et nos paroisses bénéficiaient d’un « bonus d’image » très important. La foi chrétienne inspirait toute notre société. Évidemment, les abus et les dysfonctionnements de toutes sortes existaient comme aujourd’hui, mais, conformément à la mentalité de l’époque, les responsables les traitaient discrètement pour éviter que cela n’entache la réputation de l’Église. C’était le temps de l’Église triomphante. Depuis lors, notre Église a été confrontée à toutes sortes de courants religieux et d’idées nouvelles. La société s’est inspirée de moins en moins de la foi chrétienne et le décalage entre le message du Christ et les préoccupations des gens est devenu toujours plus grand. En outre, le contexte a tellement changé qu’on n’a plus hésiter à dénoncer les abus et les dysfonctionnements dans l’Église. Sans parler de son déficit croissant de fidèles actifs. Ce qui fait que notre Église souffre, aujourd’hui, d’un « déficit d’image ». C’est le temps du dépouillement. Le temps pour l’Église de devenir humble, consciente de ses péchés et de ses faiblesses, et soucieuse de vérité.

Une chose est sûre. Jésus, lui, ne s’est pas du tout préoccupé de son image. Il n’a pas cherché à être « politiquement correct », ni à plaire. Il n’a pas dilué son message pour gagner plus de disciples à sa cause et il ne faisait guère de cas de ce que les gens pensaient de lui. Il a toujours été vrai et n’a cessé de proclamer la Bonne Nouvelle à temps et à contre-temps. Car, la seule chose qui comptait pour lui, c’était de faire humblement la volonté de son Père en accomplissant sa mission jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Autrement dit, il n’avait qu’un seul souci, celui de faire découvrir auprès de ses contemporains l’image de son Père, le Dieu d’amour et de miséricorde.

Je suis convaincu que la Bonne Nouvelle du Christ est plus que jamais d’actualité dans notre monde qui souffre d’un « déficit de sens » et qui a tant besoin de repères et de valeurs solides. C’est pour cela que Jésus a dit à ses disciples : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8, 12) Et il a également dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde. […] De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 14… 16) En d’autres termes, Jésus demande à ses disciples, non pas de se soucier de leur propre image, mais de veiller à refléter en eux l’image de Dieu. Ce qui n’est possible qu’en faisant le bien et en témoignant d’une foi vivante en Jésus Christ autour de nous. Plus que jamais, nous devons accomplir cette mission d’évangélisation dans la vérité et avec beaucoup d’humilité, en laissant la puissance de Dieu agir en nous et à travers nous. C’est ce que saint Paul résume dans sa seconde lettre aux Corinthiens en écrivant : « …Dieu qui a dit : Du milieu des ténèbres brillera la lumière, a lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous. » (2 Co 4, 6-7) C’est seulement ainsi que nos contemporains se tourneront vers Dieu et que nos paroisses pourront devenir à nouveau des communautés vivantes et missionnaires, car elles rayonneront alors de la lumière même de Dieu.

Chanoine Bernard Broccard